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fin de roman

mot désagréable pour chacun. Elle présente, on n’aurait pas pu manger en paix.

— Oui, je sais qu’elle a un mauvais caractère, fit le curé, mais je croyais qu’elle s’était améliorée, qu’elle s’était un peu amendée.

— Corrigée ! s’exclama le beau-frère Dupras. Elle est pire qu’elle a jamais été. J’aimerais mieux faire face à tout un nid de mouches à papier que d’être à table à côté d’elle. Elle mord tout le temps, elle est enragée.

Tout en disant du mal de l’absente, on mangeait copieusement. Le curé se régalait. Il appréciait les bonnes choses celui-là.

— Puis, le père, est-ce qu’il t’a reconnu lorsque tu es allé le voir ? s’informa soudain René en s’adressant au curé.

— Oui, la deuxième fois. Pas la première. Je te dis que c’est bien affligeant de le voir souffrir. Sa maladie le torture. Si au moins, les sœurs lui donnaient des calmantes…

— Oui, mais si elles lui en donnent, il faudra payer pour, interrompit Léonie. Vous savez, la morphine ça ne se donne pas.

Et l’on continua de manger.

Vers la fin du repas, le beau-frère Dupras a soudain suggéré : Écoutez, laissons-le donc là où il est le père. Vous savez, les sœurs ne le mettront pas à la porte, bien sûr. Naturellement, elles se lamentent et disent qu’il leur donne du trouble, du travail, mais elles se plaignent toujours, les sœurs. Si elles pouvaient arracher quelques piastres supplémentaires à la famille, elles seraient enchantées. Partout et toujours, les sœurs prennent tout ce qu’elles peuvent soutirer d’une façon ou d’une autre. C’est à nous