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fin de roman

de ne pas nous laisser tondre. Il n’est pas mal, là le père. Il s’ennuie parfois, mais il s’ennuierait partout. Chacun regarda Dupras avec une expression de satisfaction dans la figure.

— Ce que tu dis là, c’est plein de bon sens, déclara Onésime et si les autres sont de ton avis, la question est réglée. On est tous du pauvre monde et nous n’avons pas d’argent à jeter aux sœurs.

— Moi, fit Guillaume, je crois que s’il faut absolument payer du surplus, ce devrait être Thérèse qui devrait donner la somme supplémentaire. Son mari occupe un bon emploi, il gagne un gros salaire, ils ont une maison dont ils retirent les loyers, ils n’ont que deux enfants et puis, le beau-père est presque millionnaire.

— Oui, mais avare comme elle est, tâche de la décider à payer pour son père, fit Dupras, d’un ton ironique.

— Moi, je n’essaierai pas, annonça René.

— Tu perdrais ton temps, ajouta Onésime.

— La seule chose à faire, c’est de ne pas nous occuper de la lettre, fit le curé. Elles en ont des trucs les sœurs, pour arracher les piastres du public, mais laissons-les crier.

— De vraies gold diggers, énonça Guillaume.

— Alors, c’est entendu, l’affaire est réglée, ajouta René, le plus jeune des fils. Puis, changeant de ton : Maintenant, on va prendre un petit verre de rhum, hein ? suggéra-t-il.

À ce moment, sa fille, la petite Lucette, quinze mois, s’approcha de sa mère.

— Prends-moi dans tes bras, maman, demanda-t-elle.

— Mais, ma fille, tu vas mouiller ma robe, ma belle robe du dimanche, répondit la mère.