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fin de roman

Quelques jours après l’arrivée de Simone, un nouveau pensionnaire s’enregistra au Mount Pleasant Farm. C’était un photographe de vingt-quatre à vingt-cinq ans qui venait d’une petite ville du Vermont. Dès qu’il aperçut la jeune femme, il fut charmé, conquis. Tout de suite, il s’attacha à elle, marchant à son côté dans les promenades à travers la campagne, se plaçant près d’elle à table, faisant la sieste en sa compagnie dans la matinée. La sympathie et l’admiration qu’il témoignait à la blonde malade lui étaient fort agréables et elle prenait un grand plaisir à l’entendre causer. En quelques jours, cet étranger avait mis dans sa vie une joie comme elle n’en avait jamais éprouvé jusque là, qui la faisait presque défaillir.

Un soir, après le souper, il lui demanda si elle ne ferait pas une courte promenade. Tout de suite, elle mit son chapeau et ils s’éloignèrent sur la route sablonneuse, bordée de pins. Bientôt, cependant, elle se sentit lasse et ils s’assirent sur une grosse pierre. Longtemps, ils causèrent, éprouvant une joie profonde à être ainsi l’un près de l’autre dans la nuit tombante.

— Il faut retourner, dit-elle.

Ils se levèrent et, lentement, en se tenant par la main, revinrent sur la route de sable. L’obscurité avait envahi la contrée. À cette heure trouble, le jeune homme paraissait exalté et Simone était émue. Avant de se quitter, ils s’arrêtèrent un moment, ne pouvant se décider à se séparer. Levant sa tête vers sa compagne, et la regardant avec une espèce d’adoration, l’homme parla :

« Lorsque je vous ai aperçue, avec votre tête blonde », dit-il, « c’était comme une bonne nouvelle qui m’arrivait. J’ai éprouvé une joie, un bonheur difficiles à exprimer. Je sentais que je venais de rencontrer quelqu’un avec qui je