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fin de roman

quement. Lorsqu’elle s’éveilla, il tombait de larges gouttes de pluie. En un rien de temps, ce fut une averse torrentielle. Mme Frigon entra dans la maison à la course, puis, tout à coup, elle pensa à son linge de lit. Voulant éviter qu’il ne fût tout trempé, particulièrement les oreillers, elle se précipita à l’arrière de sa maison pour les rentrer. Mais il pleuvait si fort qu’elle fut elle-même toute pénétrée par ce déluge. De plus, la hâte qu’elle avait apportée à mettre sa literie à l’abri et l’effort qu’elle avait dû faire, effort auquel elle n’était pas habituée et surtout le mécontentement qu’elle éprouvait du fait de cet incident, l’avaient laissée comme écrasée de fatigue. Elle s’affaissa sur un canapé afin de se remettre un peu de sa lassitude. Soudain, elle se sentit glacée. Elle se leva alors pour changer de vêtements. Le soir, elle avait un peu de fièvre. Alors, elle crut que le remède serait une tasse de thé. Le lendemain, elle était plus mal et ne put se lever pour préparer le déjeuner de son mari. Lorsque ce dernier revint le soir, sa femme était consumée par la fièvre. En toute hâte, il alla chercher le médecin qui prescrivit un calmant et annonça qu’il reviendrait le lendemain. Cette fois, il constata qu’il s’agissait d’une pneumonie. La faible constitution de la malade fut cause que son état empira rapidement et qu’elle mourut au bout de huit jours. M. Frigon voulut qu’elle fût enterrée à Montréal, là où reposaient son père et sa mère, là où il dormirait un jour avec eux son dernier sommeil.

En revenant du cimetière et avant de se rendre à la gare pour retourner chez lui. M. Frigon qui se sentait très las arrêta à une pharmacie avec l’intention d’y acheter un flacon de sel dont il prenait une dose lorsqu’il avait la tête fatiguée. Il entra donc dans l’établissement et, en se dirigeant vers le comptoir, aperçut à côté de lui un petit