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UN SAINT EST ENTRÉ DANS MA MAISON
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accueil. Je m’informe s’il y a des malades. Certes, je ne les guéris pas, mais je dis de prier, d’invoquer le frère André qui intercède auprès de Dieu pour ces pauvres affligés. C’est la prière qui apporte le réconfort et la guérison. Je sais que dans ce pays plus de cinquante mille malades ont été guéris par l’intercession du frère André. Souvent, il m’arrive d’entrer dans une maison et d’entendre l’un des occupants du logis déclarer : « J’étais malade, j’ai été prier à l’oratoire saint Joseph et j’ai été guéri ». Je voudrais que tous les malades invoquassent le frère André. C’est la tâche à laquelle je me suis voué. Je vais aller dans chaque demeure de cette grande ville et j’espère que ma mission ne sera pas vaine.

Le vieil homme parlait avec simplicité et conviction. Pas de sermon, pas de grande phrases. Des mots très ordinaires qui allaient au cœur. L’on était empoigné par ce message familier, sans aucune affectation. L’humilité de ce religieux et sa foi ardente provoquaient une profonde admiration. L’on avait l’impression que ce modeste visiteur était un apôtre au grand cœur. Sa présence apportait une émotion inexprimable. Il ne venait pas, comme tant d’autres, vous soutirer de l’argent. Ce n’était pas un solliciteur. Il était la personnification de la charité, de la bonté. Tout ce qu’il voulait, c’était faire du bien, de recommander de prier, d’invoquer le frère André pour obtenir la guérison des malades. Lui, il était le messager, l’instrument du frère André. Je l’écoutais, je le regardais et je me sentais inexprimablement remué. Ses paroles si simples étaient mille fois plus éloquentes que la rhétorique de tous les prédicateurs que j’ai entendus. Elles allaient droit à l’âme.

— Aux jours d’épreuves, d’affliction, invoquez le frère André, fit-il en se levant.

— Ne reviendrez-vous pas un jour ? demandai-je, plus touché, plus ému que je ne saurais dire.

— Non. Je ne vais qu’une fois dans chaque maison.

— Et si je voulais vous revoir, pourrais-je vous trouver ?