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LA SCOUINE

— Comme ça, vous avez fait votre première communion ? demanda-t-elle.

— Hé oui… répondirent les bessonnes.

— Vous n’avez pas eu de difficulté à avaler l’hostie ?

— Pas trop. Mais i en a un morceau qui m’a collé au palais où il a fondu, dit Paulima.

— Moi, je m’sus mirée dans l’ciboire et j’avais la figure large comme une citrouille, fit Caroline en riant.

— Et vos bottines craquent-elles ? interrogea encore la maîtresse.

— Oh oui, répondirent ensemble Paulima et Caroline.

— C’est les nôtres qui craquaient le plus, ajouta orgueilleusement la première.

Et les bessonnes firent quelques pas, tournèrent comme pour un rigodon afin de démontrer les qualités musicales de leurs souliers. On aurait cru entendre jouer de l’accordéon. Au point de vue de la sonorité, ces chaussures étaient phénoménales.

— I a fallu aller su Robillard pour en trouver, raconta Paulima. Maman nous en a fait essayer plus d’une douzaine de paires su Normandeau, mais i craquaient pas assez.

— Paulima a tout sali ses gants, observa Caroline pour se venger de ce que sa sœur n’avait pas voulu lui prêter sa gomme.

De fait, les gants de coton étaient marqués de larges taches noires.

— Ça peut se laver, déclara l’institutrice. Je vais vous donner à chacune une image et vous allez avoir congé après-midi.