Toujours, la vie de de Belle ressemble à un roman d’imagination. Un jour, alors qu’il traversait une crise particulièrement difficile, il vit arriver devant son atelier une voiture armoriée, deux belles dames en descendre, entrer chez ; lui et lui acheter à un prix élevé quelques pastels qui, depuis longtemps la figure tournée contre le mur, attendaient en vain des acquéreurs. De ce moment, l’encouragement lui arriva des hautes sphères. Pendant quelque temps, l’artiste connut la vogue, la fortune, eut une vision des grandeurs. Puis soudain, il laissa ses nobles protectrices, ses amis, ses camarades, son atelier de Londres où il avait connu la misère et le succès et son destin le conduisit au Canada où il est établi depuis près de trente ans.
Les scènes de l’enfance qui sont comme la spécialité de de Belle, ces scènes dont il a le secret, forment une partie très importante de son œuvre. Peints avec des tons extrêmement délicats, ces groupes d’enfants d’une angélique beauté, jouant dans des jardins de fleurs ou dansant des rondes, sont des visions de rêve, des visions qui nous entrouvent les portes d’un monde idéal où règne l’éternelle jeunesse. Chacun de ses pastels est un poème d’un charme, d’une douceur et d’une paix qui nous élève, semble-t-il, au-dessus de la terre. L’enfance telle que nous la montre de Belle est une création de beauté, de pureté qui exalte l’âme comme le son des cloches dans un matin ensoleillé. Le Peintre-Poète possède au suprême degré l’art difficile et délicat de rendre la grâce exquise de l’enfance. Toutes ces ravissantes figures aux tons si doux, à l’expression si pure qui fleurissent ses pastels semblent des êtres créés pour la joie, le bonheur et l’immortalité. L’un de ces tableaux dans une pièce est comme un radieux sourire qui ensoleille les jours les plus sombres et les plus tristes, est une vision qui caresse et qui console. On sent que l’artiste a mis toute son âme dans ces délicieuses créations qui nous apportent à chaque heure un message d’allégresse et de félicité.
De Belle est aussi le peintre par excellence de l’amour maternel. Nul comme lui ne peut exprimer la tendresse de la
