Aller au contenu

Page:Laberge - Peintres et écrivains d'hier et d'aujourd'hui, 1938.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après avoir donné le meilleur de lui-même, après avoir tenté d’exprimer son idéal, après avoir produit des œuvres très remarquables et absolument personnelles, après avoir fait l’impossible pour imposer son talent, Arthur Rosaire, l’un des artistes les mieux doués que Montréal a produits et l’une des natures les plus sympathiques que j’ai rencontrées s’est, comme Clapp, exilé lui aussi en Californie à la suite de critiques aussi aveugles que stupides. Se voyant absolument incompris parmi les siens, il vendit la maison et l’atelier qu’il s’était fait construire à Notre-Dame-de-Grâce et s’en alla vivre à Los Angeles.

Né à Montréal le 17 janvier 1879 d’une mère irlandaise et d’un père canadien français, Arthur-Dominique Rosaire était doué d’un physique très avantageux. Grand, bien bâti, blond, avec des yeux bleus, des traits réguliers, il présentait une physionomie distinguée et très sympathique. Avantagé d’un beau caractère, il possédait au plus haut degré les qualités des deux races qui étaient en lui. C’était un être vibrant, enthousiaste, un artiste dans toute la force du mot et un ardent travailleur. Rosaire étudia la peinture sous la direction d’Edmond Dyonnet, de Wm. Brymner et de Maurice Cullen. Il profita de l’enseignement de ces maîtres, mais sut conserver sa personnalité propre. Toujours, il s’est efforcé de rendre sa vision personnelle, d’exprimer l’émotion que lui inspiraient la nature et l’aspect changeant des saisons.

Pendant de nombreuses années, Rosaire a eu son atelier avec Paul Earle au No 296, rue de La Montagne, angle Sainte-Catherine. C’est là qu’il a exécuté la plus grande par­tie de son œuvre. Il habitait tout d’abord au No 433, rue Saint-Antoine, puis il déménagea au No 4323, avenue Mont Rose, Westmount.

Rosaire était l’un des exposants réguliers au Salon de l’Art Association. Chaque printemps, ses toiles étaient pour moi parmi les principales attractions de l’exposition, celles que je cherchais tout d’abord. Devant ses peintures, l’on sentait un artiste épris de la nature, un riche tempérament, une âme vibrante. Pour rendre sa vision, pour exprimer l’émotion res­sentie devant le sujet qu’il voulait peindre, Arthur Rosaire variait ses formules. Il n’était pas l’esclave d’une recette. Ses