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QUAND CHANTAIT LA CIGALE

— J’ai eu l’idée de regarder l’heure et je ne sais comment la chose s’est faite, la montre m’a glissé des mains et on dirait qu’elle se cache dans l’herbe, déclara Mme Leriche.

Tante Eulalie se pencha à son tour, regardant dans le fouillis d’herbe près de la clôture, pendant que la femme de l’avocat plantée toute droite maintenant, suivait tous ses mouvement.

— C’est vrai, on dirait qu’elle se cache, je ne peux la trouver, déclara à son tour tante Eulalie.

— C’est bien curieux de ne pouvoir, à trois, trouver cette montre, fit d’un ton aigre Mme Leriche.

Elle écartait maintenant avec la pointe de son soulier les tiges de trèfle et ses yeux fouillaient parmi toute cette verdure, mais sans succès.

Les trois femmes cherchèrent longtemps. La montre resta introuvable.

— Je ne peux pourtant pas passer la journée ici. Je suis trop fatiguée pour continuer à chercher. Je reviendrai demain. Si vous la trouvez, laissez-le moi savoir immédiatement, fit Mme Leriche en se tournant vers tante Eulalie.

Et raide, bourrue, hargneuse, elle s’éloigna avec sa compagne.

La mine consternée comme s’il lui fût arrivé un malheur, tante Eulalie les regarda disparaître au tournant de la route,

— Ma vérité, à la voir et à l’entendre, on dirait que c’est de ma faute si elle a perdu sa montre, se dit-elle en retournant sarcler ses fèves.

Le lendemain, il plut à torrents et Mme Leriche resta chez elle, mais vers le soir, elle envoya un commissionnaire pour s’informer si la montre n’avait pas été trouvée.

Le matin du jour suivant, comme si elle eût été dans l’obligation de trouver le bijou perdu, tante Eulalie se mit à chercher. Il faisait très chaud, mais la brave fille armée d’un vieux râteau en bois écartait les herbes, s’attendant toujours à apercevoir un objet doré, luisant. Elle se dépensait depuis plus d’une heure et rien.

Elle allait renoncer à la tâche lorsque soudain, elle découvrit l’objet qu’elle cherchait avec tant d’obstination. Lorsque Mme  Le-