LA MUSIQUE
Dearest est entrée à côté un moment pour payer son compte de lait et de légumes.
Une cousine en visite assise devant l’harmonium jouait de vieux airs doux et graves.
— Il n’y a rien que j’aime au monde comme la musique, déclare avec conviction tante Eulalie.
— Et est-ce que vous ne jouez jamais sur cet instrument ? demande Dearest.
— L’été, quand vous êtes ici, je n’ose pas parce que je ne sais pas jouer, mais l’hiver, lorsque nous sommes seuls, j’essaie. Quand j’étais jeune, j’aurais tant aimé à apprendre le piano, mais nous étions trop pauvres pour payer les leçons et j’ai dû y renoncer. Mais vous, vous savez faire de la musique, jouer du piano ? fait-elle en s’adressant à Dearest.
— Mais oui. J’ai appris pendant huit ans. Lorsque je me suis mariée, j’avais un piano.
— Qu’en avez-vous fait ?
— Je l’ai vendu parce que mon mari n’aimait pas ça.
— Vous aviez un piano et vous l’avez vendu ! Bien moi, je ne me serais pas mariée, déclare énergiquement tante Eulalie.