Aller au contenu

Page:Laberge - Quand chantait la cigale, 1936.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
QUAND CHANTAIT LA CIGALE

s’élance dirait-on, vers une lointaine étoile au fond du firmament. Pendant des heures, le geste vain, inutile, se répète inlassablement. Toute la nuit pendant que les vieux accablés de fatigue et d’années et les jeunes en proie aux rêves de l’adolescence dorment dans leur lit, la main se dresse, s’élève comme si elle voulait saisir une fleur, un fruit, là-haut.

Parfois, l’on entend un chien qui jappe, un autre qui lui répond. Le silence brisé un moment se fait ensuite plus profond, et dressé au bord de la rivière si sombre, le jeune ormeau agite vers le ciel ses rameaux en forme de main. Ils se dressent, il s’élancent. Quel fabuleux espoir, quel éperdu désir les agitent donc ?

Inlassablement chaque nuit, la tige en forme de main du petit ormeau penché au-dessus de la rivière tente vainement de saisir une pâle étoile au fond du firmament.