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LE MEURTRE


Ce récit se déroule sur une période de trois étés.


Acte Premier

Un soir de juin. Après le souper, assis devant la maison, nous goûtons Dearest et moi toute la douceur et le charme de la fin d’un beau jour et la sérénité de l’heure. L’air est tiède, le gazon et le feuillage des arbres sont d’un vert admirable et la rivière est absolument calme. Au cœur de la nature nous apparaît la beauté de vivre.

Depuis un moment, Dearest paraît distraite.

— Mais qu’est ce qu’ils ont donc ces oiseaux à crier ainsi ? me demande-t-elle.

En effet, je regarde un couple de fauvettes qui vole en tournoyant, à sept ou huit pas de nous, autour d’une touffe de cerisiers sauvages dans lesquels grimpe une vigne. Les deux oiseaux voltigent à quelques pieds du sol en jetant des cris perçants. Ils redoutent quelque danger.

— Ils doivent avoir leur nid dans ces arbustes, me dit Dearest et ils craignent pour leurs œufs ou leurs petits.

Les oiseaux paraissent affolés et leurs cris redoublent.

Je me lève pour aller voir, mais juste à ce moment, le chat de tante Eulalie dissimulé dans les herbages, fait un bond dans la touffe de cerisiers sauvages et se sauve tenant un oiselet dans sa gueule. Rendu furieux à ce spectacle, je m’élance à la poursuite du ravisseur. À la course, je ramasse une pierre et la lui lance, mais sans l’atteindre. J’en saisis une autre, mais le manque encore. De mes longues