paraissait plutôt baroque et n’était pas de nature à lui donner des idées réjouissantes.
Cependant, il pensait à ce que lui avait dit le curé.
Pendant plusieurs jours, il fut songeur, taciturne, ce qui fut remarqué de ses employés et des clients qui venaient au magasin.
— Il y a quelque chose qui le tracasse, disait-on.
Aux repas, il regardait longuement Zéphirine et Françoise, ses deux servantes. Des plis barraient son front. Laquelle prendre ?
Les deux femmes avaient constaté son air étrange et en jasaient entre elles.
— Il est curieux, il paraît troublé, disait Zéphirine.
— Oui, depuis quelque temps, il est tout chose, répondait Françoise.
À quelque temps de là, alors que Françoise arrosait les plates-bandes de fleurs, après souper, le notaire qui rôdait dans son jardin, s’approcha d’elle et, à brûle-pourpoint :
— Qu’est-ce que tu dirais, Françoise, de se marier ?
La grosse fille aux fortes hanches et aux seins puissants dans sa robe d’indienne bleue se redressa stupéfaite. Elle regardait le notaire avec une expression ahurie.
— Bien sûr qu’il a l’esprit dérangé, se dit-elle.
Et comme elle était devant lui à le regarder sans répondre, monsieur Daigneault reprit :
— Tu n’as jamais pensé à te marier ?
— Ben, j’vas vous dire, personne ne m’a jamais demandée.
— Mais je te demande, moi. Veux-tu te marier ?
Françoise était bien certaine que monsieur Daigneault était devenu fou.
— Je veux bien, répondit-elle quand même.