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MORT DE PASCARO



C’ÉTAIT aux courses du Parc Delorimier par une chaude après-midi de juillet. Sept mille personnes se pressaient dans les estrades et aux alentours du paddock. La fanfare jouait un air en vogue, une cacophonie nègre, étourdissante et discordante.

L’on était rendu à la troisième épreuve. Piochant les records, comparant dans les journaux de turf les performances passées ou discutant entre eux, les hommes étudiaient le problème du cheval à choisir. Quelques-uns, lentement, indécis encore, d’autres pressés, comme pour ne pas avoir le temps de changer d’idée, se rendaient aux guichets de paris. Par suite de la grande chaleur, nombre de femmes, surtout des grosses aux larges croupes, trop lourdes pour monter plus haut, étaient restées assises sur les premiers gradins de l’estrade. Elles s’offraient des cornets de crème glacée qu’elles léchaient d’une épaisse langue rouge. Pour être plus à l’aise, plusieurs se tenaient les jambes écartées et des hommes paraissant chercher quelques connaissances parmi les spectateurs jetaient un furtif coup d’œil vers le triangle des cuisses, sous les jupes.

Le tintamarre de la fanfare venait de cesser et les chevaux défilaient devant le public avant d’aller prendre le