LA LETTRE
N matin de juillet après son déjeuner, monsieur
Adrien Tessier, marchand général à Saint-Eustache
se rendit au bureau de poste, à quatre maisons de son
magasin, pour chercher son courrier. Chaque jour, vers les
huit heures et demie, il allait ainsi réclamer son journal et
sa correspondance commerciale. Il lisait ensuite sa feuille
pendant que ses deux commis servaient les acheteurs et il
commentait les grosses nouvelles avec les plus importants
de ses clients.
L’air était frais et lumineux cette journée-là et le ciel était d’un bleu admirable.
Rasé de frais, la figure ronde, colorée et jeune encore, malgré ses quarante ans, M. Tessier se sentait de bonne humeur. Il avait campé son panama un peu en arrière de la tête et son nez au milieu de la face, son nez rond, gros et rose était tout épanoui.
Sur la route, des automobiles passaient rapidement transportant des voyageurs à la gare pour le prochain train.
La figure de monsieur Tessier se montra devant le guichet carré du bureau de poste.
— Quelque chose pour moi ? demanda-t-il.