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Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/82

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(À la demoiselle de comptoir.) Pardon, mademoiselle, je voudrais trois petits pains… bien tendres.

LA DEMOISELLE.

Très bien… Vous faut-il autre chose ?

GINGINET.

Non… pas pour le moment, nous avons nos petites provisions dans un panier. (À part.) Comme ça, on n’est pas écorché. (Haut.) Ah ! vous n’auriez pas une boîte de pâte de guimauve… ou de jujube ?

LA DEMOISELLE.

Non, monsieur.

GINGINET.

C’est que nous avons dans notre wagon un vieux monsieur qui tousse à fendre la locomotive… c’est un homme très-bien, du reste… Il m’a avoué qu’il était dans l’enregistrement, conservateur des hypothèques.

LA DEMOISELLE.

Nous avons du sucre d’orge bien frais.

GINGINET.

À la guimauve ?

LA DEMOISELLE.

Non, à l’absinthe.

GINGINET.

Diable ! C’est que l’absinthe… pour le rhume… Après ça… ça peut donner un coup de fouet… Mettez-en un… Pardon, quel prix ?

LA DEMOISELLE.

Dix centimes.

GINGINET.

Mettez !… Ayez l’obligeance de m’envelopper ça. (À part, descendant sur le devant.) Je voudrais bien faire aussi un cadeau à la nourrice… elle est belle fille et provocante. — Entre nous, elle m’a marché sur les pieds à plusieurs reprises ; alors, moi, j’ai riposté… Ma femme dormait, et nous