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Page:Labiche - L’Avocat d’un Grec, 1859.djvu/20

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BROSSARD.

Qu’est-ce que vous diriez ?

BENOÎT.

Ce que je dirais ?… mais je dirais que tu n’es qu’un saltimbanque et un histrion… qui abuse de la parole… ce don des dieux.

BROSSARD.

Cependant, beau-père…

BENOÎT.

Comment ! tu m’aurais fait pleurer… tu m’aurais fait mettre à la porte de l’audience… pour un escroc !… pour un bandit ! mais alors ta profession ne serait plus un sacerdoce ! et je te mépriserais comme un danseur de corde ou un avaleur de sabres ! et tu n’aurais pas ma fille !

BROSSARD.

Cependant tous les grands orateurs… Cicéron lui-même…

BENOÎT.

Mais je ne donnerais pas ma fille à Cicéron… sans prendre des renseignements !… je lui préférerais Vachonnet.

BROSSARD.

Voyons… du calme !

BENOÎT.

Je t’accorde Céline parce que tu as défendu l’innocence… mais du moment que l’innocence est un filou… et qui crache par terre encore !… je te la retire… Où est Vachonnet !

BROSSARD, à part.

Sapristi ! me voilà bien !

BENOÎT, appelant.

Vachonnet !

BROSSARD.

Un instant, que diable !… j’ai dit : Si Malvoisie était un filou ? mais il ne l’est pas (À part.) Après tout, il a été acquitté (Haut.) Je voulais vous faire peur !

BENOÎT.

C’est ce que nous verrons… J’ai des soupçons… d’abord il n’est pas marié, il n’a pas d’enfants… Où sont-ils ses cinq enfants ?

BROSSARD.

Oh ! c’est un détail !

BENOÎT.

Tout ça c’est louche ; je te préviens que je vais le sur-