Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/90

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Scène IX.

Les Mêmes, PERRICHON, MADAME PERRICHON, HENRIETTE.

Perrichon, entrant accompagné de sa femme et de sa fille ; il est très grave. — Messieurs, je suis heureux de vous trouver ensemble… vous m’avez fait tous deux l’honneur de me demander la main de ma fille… vous allez connaître ma décision…

Armand, à part. — Voici le moment.

Perrichon, à Daniel souriant. — Monsieur Daniel… mon ami !

Armand, à part. — Je suis perdu !

Perrichon. — J’ai déjà fait beaucoup pour vous… je veux faire plus encore… Je veux vous donner…

Daniel, remerciant. — Ah ! monsieur !

Perrichon, froidement. — Un conseil… (Bas.) Parlez moins haut quand vous serez près d’une porte.

Daniel, étonné. — Ah bah !

Perrichon. — Oui… je vous remercie de la leçon. (Haut.) Monsieur Armand… vous avez moins vécu que votre ami… vous calculez moins, mais vous me plaisez davantage… je vous donne ma fille…

Armand. — Ah ! monsieur !…

Perrichon. — Et remarquez que je ne cherche pas à m’acquitter envers vous… je désire rester votre obligé… (Regardant Daniel.) Car il n’y a que les imbéciles qui ne savent pas supporter cette charge écrasante qu’on appelle la reconnaissance. (Il se dirige vers la droite ; madame Perrichon fait passer sa fille du côté d’Armand, qui lui donne le bras.)