C’est vous qui le métamorphosâtes ?
Oui, monsieur… Et, franchement, avant mon arrivée, ne vous étiez-vous pas fait une tout autre idée de ma personne ?
Il est vrai que M. votre père nous avait fait de vous un portrait…
Ressemblant… il l’a été… Je fus absolument tout ce qu’il vous a dit que j’étais… mais je me suis transformé… Ai-je gagné au change ?… il ne m’appartient pas d’en juger…
Oh ! certainement, vous avez gagné, beaucoup gagné.
Ce témoignage me suffit, et, dût-il être ma seule récompense.
Et y a-t-il longtemps que vous dépouillâtes votre ancienne existence ?
Du jour où, après mon temps d’école, abordant une profession sérieuse, je résolus d’adopter des habitudes et des goûts sérieux ; du jour où, voulant entrer dans le monde pour m’y créer une position, je songeai à en épouser le ton, les manières et le costume ; du jour enfin, où, voulant plaire à une jeune personne de bonne famille, d’éducation distinguée, je compris qu’il me fallait rompre irrévocablement avec un passé qui ne m’avait