Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 01.djvu/437

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Poupardin.

C’est vous qui le métamorphosâtes ?

César.

Oui, monsieur… Et, franchement, avant mon arrivée, ne vous étiez-vous pas fait une tout autre idée de ma personne ?

Poupardin.

Il est vrai que M. votre père nous avait fait de vous un portrait…

César.

Ressemblant… il l’a été… Je fus absolument tout ce qu’il vous a dit que j’étais… mais je me suis transformé… Ai-je gagné au change ?… il ne m’appartient pas d’en juger…

Camille, vivement.

Oh ! certainement, vous avez gagné, beaucoup gagné.

César.

Ce témoignage me suffit, et, dût-il être ma seule récompense.

Poupardin.

Et y a-t-il longtemps que vous dépouillâtes votre ancienne existence ?

César.

Du jour où, après mon temps d’école, abordant une profession sérieuse, je résolus d’adopter des habitudes et des goûts sérieux ; du jour où, voulant entrer dans le monde pour m’y créer une position, je songeai à en épouser le ton, les manières et le costume ; du jour enfin, où, voulant plaire à une jeune personne de bonne famille, d’éducation distinguée, je compris qu’il me fallait rompre irrévocablement avec un passé qui ne m’avait