Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/379

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élevée dans des principes d’ordre, d’économie… comme nous… une petite bourgeoise enfin, tout irait pour le mieux… Mais une demoiselle qui prend des leçons de Duprez, qui peint des tableaux à l’huile… et ne saurait seulement pas recoudre un bouton à son mari…

Ratinois.

Il est vrai qu’en fait de couture…

Madame Ratinois.

Elle fait des roulades… Elle a été toute sa vie bercée dans la soie et la dentelle… Il lui faut un appartement au premier, une voiture, un cocher… Je ne trouve pas cela mal, mais alors on apporte une dot… une dot sérieuse !

Ratinois.

Voyons, ne t’emporte pas ! Frédéric aime la petite… et si on lui parle de rompre ce mariage…

Madame Ratinois.

Il n’est pas question de rompre ! Les Malingear sont riches… très riches… des gens qui ont un chasseur !

Ratinois.

Ça, je l’ai vu ; sept à huit pieds !

Madame Ratinois.

Eh bien, qu’ils donnent plus ! Il faut que tu reparles au père… Il va venir ?

Ratinois.

Oui… Comme ça, il faut que je reparle ?…

Madame Ratinois.

Quoi ! tu as l’air de ne pas comprendre…

Ratinois.

Si… si !… mais c’est difficile à dire à un monsieur : "Les cent mille francs que je donne, moi, suffisent !… mais les vôtres ne suffisent pas ! " C’est très difficile.