Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/52

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sur la porte duquel vous écrivez Moi !… moi seul !… Eh bien, nous autres, marins, c’est d’un autre œil que nous voyons les choses… Vous dites : moi… Nous disons : nous… De tous nos organes (je prends votre mot), celui que nous estimons le plus, c’est le cœur !… Et ce n’est pas un hôte que nous surveillons… mais un maître auquel nous sommes fiers d’obéir !… C’est ce maître qui nous enseigne la religion du dévouement, qui nous dit que Dieu ne nous a créés faibles que pour nous forcer à nous rapprocher, à nous aimer, à nous secourir !…

Dutrécy.

Oui… en mer, je ne dis pas !…

Armand.

Mais, mon oncle, les sauvages… les sauvages eux-mêmes, ont la conscience de cette solidarité humaine…

Dutrécy.

Les sauvages ?…

Armand.

Oui… jugez-en ! C’est au milieu d’eux que nous avons été débarqués, mon cher malade et moi… Accueillis d’abord avec défiance, quand ils virent que l’un de nous souffrait, poussés par la sainte loi de la compassion, ils s’approchèrent, ils vinrent à nous, ils nous ouvrirent leurs cabanes !…

De La Porcheraie.

Mais c’est une page des Incas !…

Armand.

Lorsque plus tard, enfin, je voulus remercier le chef de cette petite tribu…

De La Porcheraie.

Le cacique !…