Aller au contenu

Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand elle chante ; mais l’hiver, quand elle mendie… jamais !

MADAME CHAMEROY.

Mais comment faites-vous ?

CHAMEROY, l’invitant à s’asseoir.

Oui, comment avez-vous fait ?

PAUL, gaiement, s’asseyant.

Ça vous intéresse ? — C’est bien simple : arrivé à mes derniers mille francs, je me suis arrêté net. J’ai fait une vente générale qui m’a rapporté deux cent vingt mille francs.

CHAMEROY.

Sans les frais…

PAUL.

Sans les frais !… Alors j’ai établi mon budget comme un livre de banquier. D’abord plus d’appartement !… je loge à mon cercle !… cinq francs par jour pour une chambre… Déjeuner, deux œufs et une tasse de thé, 2 francs ; dîner, 7 francs, soit 14 francs par jour, soit 420 francs, par mois, soit 5,040 francs par an… Plus, dépenses imprévues… faux frais…

CHAMEROY.

Soit 6,000 francs.

PAUL.

Soit 6,000 francs. Reste donc encore, 5,000 francs qui me suffisent pour tenir encore ma place, ma petite place dans le monde de l’élégance et du goût. Je ne fais plus faire qu’un habit par an, mais c’est toujours Arohnson qui me l’envoie. Je ne fume plus qu’un cigare par jour, mais c’est un pur habana ; je n’ai plus de chevaux, mais j’ai un parapluie…