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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/227

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CHAMEROY.

Un objet d’art, sans doute.

PAUL.

Voyez !… Je ne peux plus donner, mais je fais donner. Je ne peux plus acheter, mais je regarde acheter. Oui ! quand il y a quelque belle collection à l’hôtel des Ventes, j’y cours !… et, si un tableau me plaît… je le pousse… en dedans !… Enfin, car il faut avoir plus d’une corde à son arc !… je me suis décidé à embrasser une profession.

CHAMEROY, se levant et posant le parapluie près de la cheminée.

Une profession ! à la bonne heure ! laquelle ?

PAUL.

J’ai pris un cabinet…

CHAMEROY.

D’affaires…

MADAME CHAMEROY.

D’affaires ?…

PAUL.

Oui… d’affaires gratuites ! Mes flatteurs, quand j’avais des flatteurs, m’appelaient un artiste en dépenses ! Or donc, je me suis fait dépensier… consultant ! Dès que mes amis ont un hôtel à meubler, un parc à dessiner, une terre à acheter… comme on sait que j’ai un peu de goût, on m’appelle ! On m’ouvre des crédits, je les dépasse !… Je me fais l’effet d’un ministre des finances !… C’est l’argent des autres que je remue, mais c’est toujours de l’argent !… Et quand j’ai dépensé cent mille francs à un ami dans ma journée… je suis comme Titus, je m’endors content !… Je suis millionnaire… in partibus !

CHAMEROY.

Parbleu !… C’est le ciel qui vous envoie ! donnez-nous une consultation !