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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/496

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JONSAC.

Vous étonne… Je vais vous étonner bien davantage tout à l’heure… Le lendemain du jour où vous vous êtes battu pour moi, je me suis demandé quel service je pourrais vous rendre à mon tour… j’ai regardé dans votre vie comme dans celle d’un ami… et j’ai trouvé…

OLIVIER.

Ah !…

DE JONSAC.

Vous veniez de vous marier… vous aviez épousé une femme jolie, spirituelle, sensible à la flatterie et aux hommages… aux hommages respectueusement présentés, bien entendu… Je vous ai vu lancer cette jeune fille étourdiment dans le courant d’une société équivoque… je puis en parler… c’est la mienne !… je vous ai vu la conduire dans un monde déplaisirs, d’intrigues, de tentations… et je me suis dit : « C’est dommage !… » et j’ai prévu que votre femme ne pourrait respirer longtemps cet air malsain, sans faiblir, sans succomber peut-être…

OLIVIER.

Monsieur.

DE JONSAC.

Ah ! j’en ai un exemple fatal… dans ma famille… Un mari imprudent, étourdi… comme vous… facile sur le choix de ses relations… Il a cédé comme vous à l’entraînement de ce monde faux et brillant… il y a jeté sa femme… et, aujourd’hui… ils sont séparés… pour toujours…

OLIVIER, à part.

Comme il est ému !

JONSAC.

Vous veniez de défendre mon honneur, je résolus de préserver le vôtre !…