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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/497

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OLIVIER.

Je ne saisis pas…

JONSAC.

J’ai compris qu’au milieu de toutes ces intrigues, il serait bien difficile à votre femme, de ne pas en rencontrer une… j’ai compris qu’il lui fallait un roman, pour éviter une chute… et j’ai été ce roman… roman plein de réserve, de tact, de mesure… j’ai occupé son esprit en respectant son cœur… enfin, j’ai joué près d’elle le rôle ingrat d’un amoureux… qui ne veut pas être aimé. (Se levant.) Olivier, croyez-moi, je puis avoir des défauts, des vices même… mais deux choses me sont restées : la reconnaissance et la loyauté.

OLIVIER.

En vérité… je ne sais ce que je dois croire…

JONSAC.

Voyons, réfléchissez, si j’avais cherché à séduire votre femme, si j’avais été capable de cette lâcheté, vous aurais-je donné hier au soir le conseil de quitter madame de Tremble pour suivre madame de Millancey ?

OLIVIER.

C’est vrai… cette insistance… ces paroles honnêtes…

JONSAC.

Oui… c’est vrai, j’ai prêché un peu… ce n’est pas dans mes habitudes… mais pour un ami qui allait se perdre…

OLIVIER, se levant.

Je vous crois, monsieur… mais vous avez joué un jeu dangereux…

JONSAC.

Non… je suis sûr de moi…