Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/14

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Lorsqu’en 1849 j’eus l’honneur d’être nommé professeur au Collège de France, mon premier désir fut de répondre à la confiance du gouvernement, en choisissant un sujet qui me permît en même temps et d’exposer les idées auxquelles j’ai consacré ma vie et de servir mon pays dans la mesure de mes forces en un moment de crise et de danger. La France, on s’en souvient peut-être, souffrait alors des vices d’une constitution impossible, et envisageait avec effroi l’avenir que lui avaient préparé ses législateurs. Sortir de l’abîme que l’inquiétude et les passions creusaient chaque jour, c’était le cri de la nation, et je voulais m’associer à cette œuvre commune. Professeur, je n’entendais ni attaquer la Constitution que j’avais condamnée comme citoyen, ni pousser au mépris d’une loi mauvaise ; grâce à Dieu, je me fais une autre idée de mes devoirs : mais je voulais chercher à la clarté impartiale de l’histoire, et en dehors de l’agitation publique, quelles sont les conditions durables de la liberté, et comment un pays qui souffre de l’anarchie peut réformer ses institutions, sans suspendre la vie nationale et sans se jeter tête baissée dans les aventures. C’est le plus grand problème de la politique, c’était alors pour la patrie une question de vie ou de mort. Quel plus beau sujet d’études et de réflexions ! Et quelle joie si l’histoire offrait un remède à tant de maux !