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Au lendemain de février j’avais demandé à mes livres, ce que les livres ne refusent guère à ceux qui les consultent sans passion : une consolation et des conseils. C’est une règle d’hygiène morale que je recommande aux honnêtes gens quand les événements trompent leurs espérances les plus douces et les plus légitimes. Au lieu de s’irriter dans la solitude, qu’ils écoutent la voix grave et impartiale du passé ; il est des moments où Tacite fait du bien, et où la parole même d’un ami ne vaut pas la vertueuse tristesse de ce grand cœur qui ne voulait aimer que la liberté ! Pour moi, en 1848, c’est à l’histoire des États-Unis que j’avais demandé des leçons. Ce qui m’avait conduit à cette étude, c’est ce que je savais en gros de la constitution américaine, et des difficultés que la liberté avait eu à vaincre dans le nouveau monde avant d’y faire ses miracles ; et plus je vis de près ce grand spectacle, et plus j’en fus frappé comme d’une révélation. C’étaient nos fautes et nos souffrances ; mais avec quel courage et quelle sagesse les Américains s’étaient tirés du péril, et quelle différence dans leur façon de comprendre et d’établir la liberté ! On eût dit que dans le projet de constitution française nos modernes Lycurgues eussent fait exprès de prendre le contre-pied des idées américaines, et que leur œuvre fût un démenti donné à la sagesse de Washington,