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c’était dans les assemblées de la compagnie que l’opposition cherchait une tribune ; c’est là qu’on attaquait les proclamations du roi, les ordonnances coloniales rendues par le conseil privé. « L’assemblée de la compagnie du Nord, disait l’ambassadeur d’Espagne au roi Jacques, jaloux de sa prérogative et redoutant l’opinion populaire, c’est la pépinière d’un parlement séditieux. »

Il fallait un prétexte pour venir à bout de la compagnie, car elle refusait de renoncer à un établissement qui lui avait coûté fort cher et ne donnait encore qu’un revenu insignifiant : mais dans un gouvernement despotique quand le maître veut quelque chose, les moyens ni les hommes ne lui font défaut. Le massacre des planteurs par les Indiens avait ému l’opinion ; la colonie n’était guère plus avancée qu’au premier jour ; des sommes énormes avaient été enfouies ; les actionnaires mécontents étaient divisés : c’en était assez pour que Jacques ordonnât une enquête sur les lieux. À la suite de cette enquête, le roi contesta la validité de la charte, et elle fut annulée ; la Virginie devint province royale, et garda cette situation jusqu’en 1776.

La compagnie tomba, comme toutes les compagnies malheureuses, sans que personne la plaignît, sans que le parlement alors assemblé en prît la défense. Dans la colonie, sa chute n’excita pas