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les restaurations, il oublia ou délaissa ceux qui l’avaient aimé, pour conquérir les bonnes grâces de ses adversaires. Les provinces puritaines de Massachusets et de Rhode-Island furent mieux traitées que la fidèle province de Virginie. Le roi légitime la dépouilla des privilèges que Cromwell avait respectés. Sous le protecteur, la Virginie était presque aussi indépendante, presque aussi souveraine qu’aujourd’hui ; dix ans après la restauration, ses libertés sont réduites, ses privilèges amoindris.

Au lieu d’une assemblée qu’on réunissait chaque année, et dont les pouvoirs, expirant au bout de deux ans, ne laissaient point oublier aux députés qu’ils étaient dans la dépendance immédiate des électeurs, on trouve maintenant une assemblée dont la durée est indéfinie, comme celle du parlement anglais ; au gouverneur seul appartient le droit de la dissoudre, et, pendant plus de quinze ans, il se garda bien d’user de ce droit. Une législature, ainsi constituée, ne pouvait pas être bien zélée pour les droits du peuple ; aussi prit-elle des mesures qui ne furent rien moins que populaires, et commença-t-elle par réduire le droit électoral : attendu, disait-elle, les troubles et l’agitation qui accompagnent les élections. C’est toujours au nom de la paix publique qu’on supprime la liberté !

Au gouverneur tenu jusque-là dans la dépen-