dance de la colonie par le vote annuel de son traitement, on assigna un salaire élevé et permanent ; on affranchit les conseillers de l’impôt ; quant à l’assemblée, qui ne s’oublia pas davantage, elle vota, pour chacun de ses membres, un salaire énorme, et qui monta à deux cent cinquante et une livres de tabac. Ce n’est pas tout, on rendit à l’église anglicane le monopole de la croyance ; des peines sévères furent prononcées contre les dissidents qui allèrent peupler la Caroline ; un traitement considérable fut assigné aux ministres de l’église établie. C’était l’Angleterre au petit pied.
Quant aux droits de l’intelligence, qu’étaient-ils dans ce gouvernement où rien n’était fait que pour la grande propriété ? On en peut juger par les paroles suivantes du gouverneur Berkeley, homme de bien sans doute, mais imbu des préjugés de sa caste, et qui naturellement avait en horreur les puritains de la nouvelle Angleterre et les idées nouvelles.
« Les ministres, disait-il en 1671, doivent prier davantage et prêcher moins. Mais, grâce à Dieu, nous n’avons ni écoles, ni imprimerie, et j’espère que de cent ans nous n’en aurons pas ; car c’est la science qui a amené dans le monde la désobéissance, l’hérésie, les sectes ; c’est l’imprimerie qui les a divulguées, et qui a diffamé le meilleur gouvernement. Dieu nous garde de ces deux fléaux ! »