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un défi jeté à l’expérience des siècles. Ce fut alors que, dans une inquiétude et une tristesse profondes, j’écrivis, en juillet 1848, des Considérations sur la Constitution[1], et que le sentiment du danger me poussa à joindre à cette publication la lettre suivante, adressée au général Cavaignac par un homme malheureusement trop inconnu pour qu’on l’écoutât au milieu des cris et de la fureur des partis.

Au général Cavaignac, président du Pouvoir exécutif.

« Général,

« En remettant dans vos mains les destinées de la patrie, les événements vous ont fait une position comparable à celle de Washington. Déjà, dans une guerre plus cruelle qu’une guerre étrangère, vous avez montré une fermeté et une humanité dignes de ce grand homme. Pour que l’histoire achève un parallèle si noblement commencé, il vous reste à fonder, avec nos législateurs, une constitution durable, une constitution vraiment libre, vraiment républicaine. Puissent en ce point vous servir également d’exemple et la sagesse et le sens exquis du héros des États-Unis ! Les questions qui nous partagent aujourd’hui sont les questions mêmes qui divisèrent les fondateurs de la république américaine : la déclaration des droits, l’indépendance du pouvoir exécutif, le maintien du pouvoir législatif dans ces bornes hors desquelles il dégénère en insupportable tyrannie. Les solutions de Washington, adoptées par ses contemporains, ont fait la grandeur de

  1. Publiées dans la Revue de législation, juillet 1848, et séparément chez A. Durand.