Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/17

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l’Amérique ; le temps a prononcé pour elles et leur a donné son irrésistible sanction. Ce sont cependant ces solutions que repoussent aujourd’hui nos constituants, dédaignant une voie sûre et frayée, pour mener la France vers un abîme où restera sa liberté. C’est à vous, Général, placé par votre position et votre caractère au-dessus des partis, qu’il appartient de réfléchir sur la responsabilité que l’histoire fera peser sur votre tête, si, sous le nom de république, vous ne donnez à la patrie que le despotisme d’une assemblée sans contre-poids. À vous de vous demander si, dans la position faite au pouvoir exécutif par la constitution, vous pourrez demain régir la France avec cette indépendance d’action sans laquelle il n’y a pas de gouvernement. Un mois déjà passé aux affaires vous donnera sur ce point plus de clartés qu’un penseur n’en peut acquérir en vingt ans d’études solitaires.

« Quand le pays est à la merci des flots, comme un navire désemparé, chacun a le droit, sinon de se mêler à la manœuvre, au moins d’indiquer ce qu’il croit le nord ; c’est à ce titre, Général, que je vous adresse mon opinion. C’est celle d’un républicain du lendemain, mais d’un démocrate de la veille, et qui croit ne le céder à personne pour l’amour qu’il porte a son pays.

« J’ai l’honneur d’être, Général, avec un profond respect, votre tout dévoué concitoyen,

« Édouard Laboulaye. »

Nommé professeur, mon devoir était écrit. C’était de faire connaître l’Amérique à la France, et de lui demander des exemples et des secours pour l’orage qui approchait. J’abordai donc cette étude avec ardeur, et ne négligeai rien pour faire un exposé complet de ces événements qui avaient