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pensée de saint Paul, qu’on peut livrer son corps au bûcher sans avoir la charité[1]. La persécution qui fait violence aux sentiments d’humanité qui sont notre essence même, la persécution trouva des apologistes parmi les hommes de la vie la plus sainte ; la foule l’accueillit avec transport ; les docteurs la défendirent ; les magistrats la favorisèrent ; le zèle aveugle du sectaire la soutint, que dis-je, du sectaire ? le zèle même du martyr ; le puritain mourant amnistiait le supplice : il accusait le bourreau d’erreur, et rien de plus.

« Les hérétiques, écrivait Cartwright, doivent être mis à mort. Si vous appelez cela être sanguinaire et extrême, je suis satisfait d’être compté dans ce nombre avec le Saint-Esprit. Je nie que le repentir entraîne le pardon de la mort. Les magistrats qui punissent le meurtre et sont lents à punir l’infraction de la première table de la loi commencent par le mauvais bout. »

Cet aveuglement nous étonne, et cependant, changez le sujet de la passion humaine, mettez la politique à la place de la religion, et cette histoire est la nôtre.

Il a fallu le sang versé pendant la Révolution, et les brusques retours de la fortune et de l’opinion pour ébranler notre fanatisme, pour nous

  1. Paul ad Corinth., xiii, 3.