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longtemps. Cependant quelques émigrants, effrayés de cette brusque rupture avec l’Église anglicane, s’assemblèrent séparément pour honorer Dieu suivant le rite de la métropole. Exclusifs comme tous les partis qui sortent de la persécution, les colons déclarèrent qu’ils ne supporteraient point l’épiscopat. Craignant toujours une invasion de leurs droits, ils regardaient les partisans de l’Église établie comme des espions dans leur camp ; la religion qui les avait fait souffrir, ils la repoussaient moins encore comme une secte que comme une tyrannie. « Vous êtes des séparatistes, disaient leurs adversaires, et vous serez bientôt des anabaptistes. — Nous nous séparons, répondaient les ministres, non pas de l’Église d’Angleterre, mais de ses corruptions. Pour fuir la liturgie et les cérémonies anglicanes, nous avons quitté notre patrie où nous avons beaucoup souffert à cause de la non-conformité : dans ce lieu de liberté, nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas admettre l’idolâtrie. Ce serait violer de façon coupable le culte de Dieu. » En d’autres termes, les bénédictions de la terre promise devaient être réservées pour les seuls puritains[1]. On ne s’en tint pas aux paroles, et les persécutés de la veille, devenant persécuteurs à leur tour, ce qui est aussi commun en religion qu’en politique, on traita comme des ennemis publics les deux principaux

  1. Bancroft, I, 349.