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colons, écrivait-on à Laud, dès l’an 1634 ; parler d’appel au roi dans la cour générale (c’est le nom qu’on donnait alors et qu’on donne encore aujourd’hui, dans la Nouvelle-Angleterre, au pouvoir législatif) est réputé trahison. » En d’autres temps Charles Ier n’eût point toléré cette usurpation, mais alors il était trop occupé, trop embarrassé de ses querelles avec le parlement pour prendre souci de ces premiers essais de république, qui avaient lieu dans une colonie lointaine et ignorée.

Ce nouvel État avait, du reste, un caractère particulier, et qui n’était rien moins que démocratique. Les émigrants, on l’a vu, étaient bien moins une société politique qu’une église plantée dans le désert. Conserver la foi, n’admettre que des hommes purs, était le but principal de la communauté ; aussi se constitua-t-elle comme une théocratie. Une loi de 1631 décida que personne autre qu’un membre de l’Église ne pourrait prendre part au gouvernement, être élu magistrat, faire fonction de juré. En d’autres termes quiconque ne professait pas les opinions reçues en fait de dogme et de discipline, était dépouillé de ses droits de citoyen, et mis au ban, de la société. C’est Dieu lui-même qui devait gouverner par ses saints, disait-on. Et comme les ministres et les chefs de chaque congrégation, avaient sans appel et sans contrôle, le droit d’accorder ou de refuser l’entrée dans la communion, il en résultait