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de répandre l’Évangile de paix et de se montrer les vrais et sincères disciples de Jésus-Christ ; — de Jésus-Christ qui a déclaré que son royaume n’est pas de ce monde, qui a commandé à ses disciples de ne donner à personne ici-bas le nom de maître, qui leur a défendu d’user d’autorité sur la conscience d’autrui, qui leur a ordonné de laisser l’ivraie pousser avec le blé jusqu’à la moisson, et qui enfin nous a donné comme gage et signe de sa religion l’amour mutuel, la paix, la patience et la douceur[1].

L’année même de la fondation de Providence, la colonie de Massachussets fut agitée par des troubles plus sérieux que ceux qu’avait involontairement soulevés le pieux Roger Williams. L’agitation était causée par une femme, Anne Hutchinson, que soutenait le jeune Henri Vane, gouverneur de la colonie, celui-là même qui joua plus tard un grand rôle dans la révolution d’Angleterre, et à la Restauration mourut sur l’échafaud.

  1. Franklin a écrit contre la persécution une parabole, où il a imité avec son esprit ordinaire le langage de l’Écriture. Elle a été publiée par lord Kaimes, dans ses Essais sur l’histoire de l’homme, t. II, p. 492. La voici ; elle est ici fort à sa place et n’a pas moins d’à-propos qu’au premier jour :

    « Et il arriva après cela qu’Abraham était assis à la porte de sa tente, vers le coucher du soleil.

    « Et voici qu’un homme courbé par l’âge, venait du chemin du désert, appuyé sur un bâton.

    « Et Abraham se leva et alla au-devant de lui et lui dit : « Entrez, je vous prie, et lavez vos pieds, et reposez-vous cette nuit ; et vous vous lèverez demain de bonne heure pour continuer votre chemin. »

    « Et l’homme dit : « Non, je me tiendrai sous cet arbre. » Mais Abraham le pressa vivement, si bien qu’il céda, et ils entrèrent dans la tente, et Abraham prépara du pain sans levain, et ils mangèrent.

    « Et quand Abraham vit que l’homme ne bénissait pas Dieu, il lui