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leurs privilèges de colons et leurs droits de citoyens anglais. « Est-ce que vous vous imaginez que les lois anglaises vous suivront au bout du monde ? disait un juge à un accusé qui invoquait l’habeas corpus, — Vous n’avez d’autre privilège que de n’être pas vendus comme esclaves, » répondait un des commissaires à un planteur qui réclamait ses droits[1]. Voilà ce que la restauration avait fait de l’Amérique.

Un pays habitué à trente ans d’indépendance ne pouvait accepter une telle situation, et sans doute une sédition eût éclaté, quand tout à coup la nouvelle de la révolution atteignit la colonie. La Nouvelle-Angleterre se souleva tout entière et redemanda sa charte. Cette conduite fut approuvée par le roi Guillaume ; mais les plantations ne retrouvèrent pas leur ancienne liberté. Au lieu du despotisme des Stuarts, on rencontra la souveraineté du parlement, la jalousie d’une aristocratie commerçante ; et alors s’engagea entre l’Amérique et la métropole une lutte où la Nouvelle-Angleterre devait jouer le principal rôle, et qui en moins d’un siècle devait amener, avec l’aide de la France, l’émancipation glorieuse des colonies, la fondation du puissant empire des États-Unis.


  1. Bancroft, II, 427.