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choses, et je crois que ses destinées sont loin d’être accomplies, mais je ne pense pas le méconnaître en disant qu’une religion fondée sur le principe d’autorité, et qui exige des fidèles la soumission absolue de la raison dans les matières de foi et même de discipline, si elle abat l’orgueil, comprime aussi jusqu’à un certain point la pensée de l’individu, et qu’en deux mots, par le tour d’esprit qu’elle donne, elle semble mieux faite pour fournir des sujets à une monarchie que pour développer les instincts énergiques du républicain.

Il est remarquable, du moins, que toutes les grandes monarchies modernes ont été catholiques, et que toutes les républiques qui se sont établies, la Hollande, la Suisse, l’Amérique, appartenaient surtout aux opinions calvinistes.

Et on comprend en effet qu’un individu à qui on remet la Bible dans les mains comme sa seule règle de conduite, qu’on rend responsable et seul responsable de sa destinée religieuse, on comprend, dis-je, que pour cet individu, à considérer en lui le citoyen, la moitié du chemin est déjà faite ; il est de nécessité républicain.

Je ne veux point, du reste, donner à cette observation une portée trop grande. À Dieu ne plaise que je prétende que la croyance tient aux formes politiques ; qu’il y a une religion pour les monarchies, et une autre pour les républiques.