que où, en Europe, la tolérance était considérée comme un crime, lord Baltimore, un catholique, eut cette gloire de fonder le premier un gouvernement sur le principe de la liberté de conscience, et de l’égalité civile de tous les chrétiens.
Avant que Roger Williams, fuyant la vengeance des puritains, eût fondé Providence, espèce de forteresse, refuge commun de toutes les consciences persécutées, où la tolérance était de nécessité absolue, lord Baltimore, propriétaire paisible d’une colonie qui ne comptait que des hommes de sa religion, placé entre la Virginie, qui avait repoussé son père, et les colonies puritaines pleines d’horreur pour un papiste espagnolisé, ouvrait son domaine aux puritains chassés de Virginie, comme aux anglicans chassés du Massachussets. Un catholique que repoussait l’Angleterre, offrait un asile à tous les protestants contre l’intolérance protestante. Et quand les colonies, dignes émules de la métropole, inscrivaient dans leur code des lois de proscription contre quiconque ne pensait pas comme la majorité, lord Baltimore offrait aux bannis du Massachussets de venir s’établir sous un climat plus doux, en leur garantissant pleine liberté religieuse. Voici en quelles simples et nobles paroles il rédigeait le serment qu’à son entrée en fonction prêtait le gouverneur du Maryland :
« Je promets que ni par moi ni par les autres, je ne molesterai, pour ou à cause de sa religion,