factice de Locke et de Shaftesbury. Dans le préambule on lui promettait l’immortalité, et elle n’avait pu vivre un jour. Les palatins, les landgraves, les caciques, toute cette noblesse qui n’avait existé que sur le papier s’évanouit sans laisser de traces dans l’histoire. Rien ne resta du grand modèle, sinon le mal qu’il avait fait, et une leçon qui ne devrait pas être perdue : c’est que toutes les constitutions de papier sont mortes-nées ; comme tous les monstres, elles ne sont pas viables.
Sortie de ces difficultés, la Caroline trouva, dans les querelles religieuses, un obstacle nouveau qui gêna longtemps son développement. Après la révolution de 1688, l’Église anglicane, en minorité dans une province qui avait été peuplée par des dissidents de toute nation, voulut cependant imposer son autorité. Secondée par lord Granville, qui à cette époque était lord palatin, elle parvint à faire nommer une assemblée toute à sa dévotion, en établissant que désormais les députés prêteraient le serment d’adhésion à l’Église établie. C’était exclure de la représentation la majorité même de la colonie.
Les dissidents, repoussés par les propriétaires, trouvèrent un défenseur dans lord Somers, qui porta leurs plaintes à la chambre des lords. En vain les propriétaires réclamèrent ; la chambre déclara que les actes dont se plaignaient les colons n’étaient point autorisés par la charte. Sur l’adresse