Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais ce qui ne fut point emprunté de l’Angleterre, et ce qui est resté dans la Caroline, et surtout dans la Caroline du Sud, comme une tache ineffaçable, c’est l’esclavage et sa triste législation.

Dès le début de l’entreprise sir John Yeamans, qui fut le premier planteur et le premier gouverneur du district de Clarendon, noyau de la Caroline du Sud, arriva des Barbades avec ses noirs. Ainsi l’institution de l’esclavage est de même date que le premier établissement. Des treize colonies, la Caroline du Sud est la seule qui, dans l’origine, ait été fondée par la culture servile. Dans le Maryland, dans la Virginie, l’usage d’employer des engagés prévalut longtemps, et la classe des travailleurs blancs y fut toujours nombreuse, car nul climat n’est plus favorable à l’ouvrier anglo-saxon que celui de ces beaux pays.

Tout au contraire on remarqua de bonne heure que l’air chaud et humide de la Caroline du Sud convenait au nègre, qu’il y vivait bien et s’y multipliait rapidement, tandis que la fièvre emportait l’ouvrier blanc ; aussi dès le premier jour ce fut l’ambition de l’émigrant d’acheter des noirs, sans lesquels, dit un contemporain, un planteur ne peut rien faire. On essaya de l’Indien et du nègre ; mais on reconnut bientôt que le premier était indomptable, tandis que le second se pliait à la servitude. Il y avait entre eux, remarquait-on, la même différence qu’entre les animaux sauvages et les animaux do-