la justice criminelle et une partie de la justice civile. Je dis toute la justice criminelle, c’est-à-dire l’accusation et le jugement ; en France le jury n’a qu’une portion de la justice criminelle : le jugement. C’est la part la plus importante il est vrai dans les résultats immédiats, mais peut-être, comme garantie de la liberté, n’est-ce pas la plus considérable. Au contraire, dans les colonies comme en Angleterre, le droit d’envoyer un homme devant la justice fut toujours un droit réservé aux citoyens réunis en jury d’accusation.
Être jugé par ses pairs, sur accusation admise par ses pairs, c’est là depuis longtemps un des plus nobles privilèges du citoyen anglais ; les émigrants y tenaient avec jalousie et comme à la part la plus précieuse de cet héritage de libertés qu’ils avaient emporté de la mère patrie.
La représentation nationale était encore un de ces privilèges, ou plutôt un de ces droits de la vieille Angleterre, que les émigrants réclamèrent dès le premier jour.
Il est remarquable que toutes les colonies antérieures au règne de Charles II établirent d’elles-mêmes un libre gouvernement, quoique la charte n’eût rien disposé à cet égard. Il n’y a d’exception que pour le Maryland, si l’on peut nommer cela une exception, puisque la charte contenait une clause expresse en faveur de la représentation nationale.