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talent. C’est à M. Michel Chevalier qu’il appartient de vous dire comment la liberté est une puissance économique non moins qu’une force politique, et comment, dans des conditions naturelles qui ne seront pas trop inégales, le pays le plus libre deviendra nécessairement le plus riche. Mais, parmi les sujets de réflexion que nous présentent les États-Unis, j’en choisirai encore un d’un intérêt actuel, la liberté des cultes.

Aux États-Unis, la liberté des cultes est absolue. On n’a pas seulement séparé comme chez nous, ou plutôt essayé de séparer le spirituel du temporel. L’État ne connaît pas l’Église ; ce sont les fidèles de chaque communion qui payent le culte et le pasteur. On tient que c’est tyrannie de contraindre un homme à soutenir de son argent une croyance qui n’est point la sienne ; car c’est le rendre complice malgré lui de l’erreur et de la superstition.

Cette séparation absolue date de la révolution américaine ; elle est considérée comme une conquête non moins précieuse que celle de l’indépendance ; et Jefferson qui en fut un des plus ardents promoteurs, Jefferson deux fois président, demandait qu’on mît sur son tombeau, pour illustrer sa mémoire, non pas le souvenir des places qu’il avait occupées, mais l’inscription suivante qui retraçait les plus grands actes de sa vie, les