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pouvait faire un cours, et l’organisation qui fait aujourd’hui la prospérité des Universités d’Allemagne n’est qu’un emprunt des règlements de l’Université modèle de Paris, avant que Louis XIV n’eût confisqué la liberté d’enseignement après tant d’autres.

Également la liberté de la parole n’existait guère que dans l’Église ; mais là elle était complète, et rien n’égale la hardiesse des évêques et des moines du temps.

Pour être quelque chose dans la commune, il fallait appartenir à une corporation ; mais une fois bourgeois on n’avait point de supérieur, et la commune était une république souveraine qui s’administrait par elle-même.

Enfin, s’il faut juger une époque par ses œuvres, n’oublions pas que nous devons à la féodalité le jury et le gouvernement représentatif. Rien de pareil n’est sorti d’une société dégradée par le despotisme.

Le jury se trouve chez les Grecs et chez les Romains, car en tout pays libre on a senti que pour éviter l’oppression il fallait remettre la justice criminelle aux mains des citoyens ; mais c’est au moyen âge que nous devons l’idée du jugement par les pairs ; c’était une conséquence de la hiérarchie de la société. Chaque condition, barons, chevaliers, bourgeois ou vilains, avait ses pairs, et on ne voulait point d’autres juges. Les prendre