touché à cet empire de l’ouest qu’elles venaient de conquérir sur les Indiens et les Français. Ces terres furent cédées au gouvernement fédéral, et depuis cette époque, malgré le flux immense de l’émigration, on n’en a vendu que la moindre partie. Ainsi, non-seulement aujourd’hui les États-Unis sont un peuple de propriétaires, qui cultive de ses propres mains, mais on ne peut pas prévoir le moment où cette condition s’altérera ; où, par conséquent, l’inégalité pénétrera dans les mœurs avant de s’introduire dans les lois. Peu importe qu’il y ait des fortunes princières dans quelques grands centres de commerce, à Boston, à New-York, à Philadelphie ; ce sont là des faits isolés et sans portée. Ces riches négociants ne peuvent pas donner le ton dans un pays immense, où il n’y a point même de place pour ce que nous nommons le gentilhomme campagnard, où le nom de fermier (farmer) désigne non point celui qui cultive la terre d’autrui, mais un propriétaire indépendant.
Pour bien apprécier combien cet homme doit aimer l’égalité, faisons son histoire. Voyons les difficultés qu’il lui faut vaincre pour être propriétaire, sa vie dans le domaine qu’il a conquis par son travail, le secours qu’il attend de ses semblables et de l’Etat ; nous comprendrons alors quel fut l’esprit des premiers émigrants. Les siècles en passant ont sans doute altéré les mœurs