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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/541

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que tout fut calculé du jour où le fief devint héréditaire ; la voix du sang ne fut pas écoutée et ne devait pas l’être, car c’eut été énerver la défense et compromettre la société.

En partant de ce principe, que le service militaire est la loi suprême du fief, on comprend aisément que le fief devait être indivisible, car le diviser c’était ruiner le service. Le fief étant indivisible, un seul des enfants pouvait l’obtenir, à charge d’aider les autres ; cet enfant devait être l’aîné, celui qui par son âge était le plus avancé dans le métier des armes. L’exclusion des filles se justifie aisément ; un héritage tombé en quenouille n’eût point fourni de soldats.

Droit d’aînesse, exclusion de femmes, voilà ce que donne le droit féodal.

Quand la féodalité eut amené l’aristocratie en perpétuant le sol dans les mêmes mains, l’idée de la famille remplaça le principe du service militaire, et donna au droit de succession un caractère particulier. L’héritage appartint aux descendants de celui qui, le premier, avait mis l’immeuble dans la famille. La terre était désormais inséparable de la famille, et le propriétaire actuel n’en avait que le dépôt, comme un roi, par exemple, n’a que l’usufruit de sa couronne.

De là certaines règles de succession qui, aujourd’hui, nous étonnent : le père et la mère sont exclus de l’héritage ; car si la terre était venue