Je n’en ai pas encore fini avec le droit de découverte, et il suffit de voir combien la question des limites a suscité de guerres, alors même qu’on ne contestait pas le principe anglais, pour comprendre les vices d’un système qui maintenait dans le droit des gens une règle aussi peu assurée.
En admettant que la découverte de Cabot donnât aux Anglais la légitime possession de la côte, jusqu’où s’étendait leur souveraineté dans l’intérieur ?
Les Français arrivés par le Saint-Laurent, et qui les premiers avaient parcouru la grande vallée située entre les monts Alleghany et les lacs, les Français qui s’étaient servis de l’Ohio pour transporter des troupes dans leurs guerres avec les Indiens du sud, arrêtaient les possessions anglaises à la crête de ces montagnes qui divisent le pays aussi nettement que les Pyrénées séparent l’Espagne de la France ; les Anglais, au contraire, réclamaient l’Ohio, parce qu’il était compris, disaient-ils, dans la charte de la Virginie. Cette charte, qui servit de modèle aux autres colonies, n’est rien moins que la concession d’un terrain connu et limité. On accorde une étendue indéfinie : tant de degrés de latitude ; et c’est en vertu d’une concession aussi vague, et appuyée sur un titre aussi précaire que celui d’une reconnaissance de la côte, c’est-à-dire d’une reconnaissance faite à