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plusieurs centaines de lieues de distance, que les Anglais nous firent une guerre sanglante, et qui ne se termina que le jour où le drapeau français disparut de l’Amérique.

Ce droit de découverte a soulevé tout dernièrement, et sans doute pour la dernière fois dans l’Amérique du nord, une agitation des plus vives, et peu s’en est fallu qu’on ne vît aux prises les États-Unis et l’Angleterre à propos de l’Orégon. C’est ainsi qu’on nomme un vaste territoire qui s’étend des limites de la Californie aux possessions russes. Ce pays, assis sur l’océan Pacifique, avec un climat semblable à celui de l’Angleterre, et qui possède dans le détroit de Juan de Fuca et les méandres qu’il fait dans les terres, un ensemble de ports sans pareil dans le monde, ce pays était occupé de moitié par les Anglais et les Américains. Chacun défendait sa possession par les titres les plus divers : les Américains, notamment comme héritiers des Espagnols et des Français ; car ces vastes solitudes étaient comprises dans les limites indéfinies de la Louisiane. Pendant longtemps les prétentions sur un territoire sans population, et par conséquent sans valeur, ne furent pas soutenues avec une grande vivacité ; le commerce de pelleteries était assez riche pour suffire aux compagnies anglaise et américaine ; mais, quand cette population, qui, il y a quatre-vingts ans, n’avait pas