proclamèrent les Américains. C’est un principe, nouveau pour l’Europe, et que peut-être l’Europe n’adoptera pas aussi complètement que les États-Unis le supposent. Ce principe, fait pour amener des complications sérieuses, c’est que le continent de l’Amérique n’appartient qu’aux Américains, et que par conséquent nulle puissance européenne n’a le droit d’y mettre le pied, soit pour y établir une colonie, ce qui serait la fin de toutes les questions de priorité en fait de découverte et une cause de paix, soit pour y maintenir l’équilibre politique, ce qui est une question des plus graves et peut être un jour la cause d’une guerre générale entre les deux continents.
Ce principe qui, s’il est reconnu par l’Europe, assure la domination des États-Unis sur tout le continent américain, car il n’y a pas un seul des États de l’Amérique centrale ou de l’Amérique du sud qui soit capable d’arrêter cette toute-puissante expansion ; ce principe qui, dans un temps donné chassera l’Angleterre du Canada et l’Espagne de ses dernières possessions, est depuis longtemps la règle de la politique américaine ; Madison et Munroe l’ont reconnu ; mais elle a été proclamée par le président Polk, en 1845, à la veille de la guerre, avec une hardiesse et une netteté dignes de remarque ; car il y a là, je le répète, le germe d’un empire dont la grandeur effraye l’imagination.