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colonies ferait-on un peuple, ou y aurait-il treize États ayant chacun une souveraineté et des intérêts distincts ? John Adams et Franklin soutinrent avec raison qu’il fallait faire de l’Amérique une seule nation, et que ces distinctions d’État étaient des distinctions artificielles qui devaient disparaître avec la révolution. Non qu’ils voulussent détruire les États, ni affaiblir leurs libertés intérieures ; mais, au-dessus de ces souverainetés locales, ils plaçaient la souveraineté du congrès. Les gens du Sud, — on voit déjà percer la question de l’esclavage, — furent plus ardents à défendre leur indépendance ; un gouvernement central les gênait.

La querelle commença, dès les premiers jours, sur le point de savoir comment on serait représenté au congrès. Y aurait-il représentation par États ou représentation proportionnelle à la population ? Vous savez que cette question divisa toute l’Amérique jusqu’au dernier moment. On n’est sorti d’embarras, dans la constitution fédérale, que par une combinaison habile qui donne à la chambre des représentants un nombre de députés proportionnel à la population, tandis que le sénat se compose de deux sénateurs nommés par chaque État, sans égard à la grandeur du territoire. En d’autres termes, la souveraineté nationale est représentée par la chambre populaire, la souveraineté des États est protégée par l’organisation du sénat.

Dans cette discussion, Franklin insista pour que la représentation fût proportionnelle à la population. « Vous n’avez rien à craindre, disait-il aux petits États ; c’est une erreur de croire qu’un grand État puisse avoir